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JDC - S02.Ep12 - Vigilante (film n°37)

Publié le par Nicolas Ravain

Mardi 25 septembre 2012 :

Vigilante – William Lustig – USA – 1983 – DVD

Résumé :

Rendu fou de rage par le meurtre de son fils, l’agression de sa femme et une justice laxiste et corrompue, Eddie, un ouvrier de New-York, rejoint une milice créée par son collègue Nick, dont le but est de faire régner l’ordre dans les rues en punissant eux-mêmes les délinquants.

JDC - S02.Ep12 - Vigilante (film n°37)

Le film d’auto-défense est quasiment un genre en soi, et porte même le nom de Vigilante aux U.S.A. Cet anglicisme vient du nom latin Vigiles Urbani, donné aux veilleurs de nuit de la Rome antique qui étaient chargés de combattre le feu et arrêter les esclaves en fuite et les mendiants. Ceux qui veillent sur la ville, en somme.

Le patron du genre étant Un Justicier dans la Ville, et ses suites, dominées par Charles Bronson, sa moustache et son colt. Citons aussi L’inspecteur Harry, Class of 1984, Ms.45, Chute Libre, The Punisher ou plus récemment Super ou encore Death Sentence. Des films de fachos, comme on dit ici en France.

Le réalisateur William Lustig, à qui l’on doit l’excellent Maniac et la série des Maniac Cop, s’est donc frotté au genre dans les années 80, et ce avec brio ! Paradoxalement, alors que le titre du film est une forme de promesse du film d’auto-défense ultime, la partie « vengeance sanglante et personnelle » arrive assez tardivement dans le film et est assez courte. Ce qui semble intéresser ici le plus le réalisateur est le lent basculement du personnage principal, interprété par le trop rare Robert Forster (une fois encore consacré par Tarantino, dans son Jackie Brown), faisant au départ confiance au système judiciaire de son pays mais, allant de désillusions en désillusions, va lentement mais sûrement basculer du côté des justiciers violents et expéditifs.

JDC - S02.Ep12 - Vigilante (film n°37)

Bon, certes, le film use de ficelles parfois un peu faciles, les « méchants » sont des jeunes de gangs rarement blancs de peaux, et Robert Forster est le père d’une famille plus que parfaite (la scène du pique-nique dans le parc est à la limite du too much). Mais au fur et à mesure, le propos se fait plus nuancé, certains avocats sont corrompus, d’autres sont intègres, des prisonniers blancs sont des brutes, des prisonniers noirs sont des sauveurs. Bref, tout n’est pas aussi tranché, et le personnage doit se débattre, et se battre, pour trouver sa place dans cette société trouble et souvent injuste.

JDC - S02.Ep12 - Vigilante (film n°37)

C’est moins l’inefficacité du système judiciaire que son absurdité qui est pointée du doigt dans le film, notamment lorsque Eddie est condamné à faire de la prison pour injure à magistrat alors que le meurtrier de son fils est relaxé suite à un accord entre les avocats et le juge (cette pratique tout de même assez étrange du « plaider coupable » ou « non coupable », qui permet d’alléger les peines). La victime devient alors coupable. Et sa descente aux enfers peut commencer. Plus de famille, plus de travail, et sa femme qui va même jusqu’à le quitter à sa sortie de prison ! Eddie n’a plus rien à perdre. Plus rien n’a de sens pour lui. Et c’est donc pour cela qu’il va finir par rejoindre la milice armée, pour tenter de redonner du sens à tout cela. Ce sera d’ailleurs ses derniers mots dans le film : « It matters too me. »

JDC - S02.Ep12 - Vigilante (film n°37)

Bon, si la musique est très datée eighties, à base de synthétiseurs (« wahou, c’est à l’ancienne, ton truc, là ! » me dit ma chérie), la mise en scène est efficace, avec son beau format Scope, de beaux mouvements de caméra, un montage clair et parfois brut et une générosité dans les effets sanglants. Mention spéciale à la scène de poursuite en voiture qui, sans avoir la force de celle d’un French Connection ou d’un Bullit, reste très efficace. Cette fois-ci, pas de musique. Seulement les crissements de pneus, les sirènes et les moteurs vrombissants.

JDC - S02.Ep12 - Vigilante (film n°37)

Le ton est assez froid, plutôt réaliste, refusant le sensationnalisme et l’iconographie. Vigilante n’est pas un film cool et fun. Jamais le personnage principal n’est filmé comme un héros, encore moins comme un super héros, sorte de Super-Vengeur qui agirait au nom de la justice, à coups de contre-plongée par exemple. Eddie n’agit pas au nom de la Justice ou du Bien, laissant les grands discours aux autres membres du groupe de la milice. Il n’est pas un idéaliste. Eddie veut sa vengeance, purement et simplement, le tout filmé presque toujours à hauteur d’homme.

Un homme simple, perdu, qui préfère faire sauter le système plutôt que d’en être un acteur.

Et si le film d’auto-défense était plutôt le film anarchiste, et non facho, par excellence ?

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