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Journal d'un cinéphile - Film n°5 : La maison au fond du parc

Publié le par Nicolas Ravain

Jeudi 24 et vendredi 25 mai 2012 :

La maison au fond du parc (La Casa sperduta nel parco) – Ruggero Deodato – Italie – 1980 - DVD

Journal d'un cinéphile - Film n°5 : La maison au fond du parc

Résumé :

Deux truands, responsables d'un trafic de voitures volées le jour, violent et tuent des jeunes femmes la nuit. Quand ils croisent la route d'un groupe d'amis et les suivent dans une maison isolée au fond d'un parc, les criminels ne savent pas ce qui les attend...

Quel bonheur ! Je trouve La maison au fond du parc à 3€ chez le Cash Machin du coin (qui est devenu mon repère de chasse cinéphilique depuis son ouverture récente à 2 pas de chez moi. 20€ les 15 DVD ! Et pas que des films de Chuck Norris ou Steven Seagal. Qui dit mieux ?!). Je lâche même un « cool ! » tout haut dans la boutique.

Aussitôt rentré, je mets la galette dans le lecteur DVD pour un visionnage immédiat de ce film à l’aura sulfureuse, relecture du 1er film de Wes Craven La Dernière maison sur la gauche (1972) par le metteur en scène de l’archi-gore Cannibal Holocaust (1978) !

Tout un programme !

Journal d'un cinéphile - Film n°5 : La maison au fond du parc

Mais la déconvenue est immédiate : pas de version originale ! Une version française bien old school, avec des doubleurs qui sonnent faux et font le strict minimum. Et une version italienne, légèrement décalée avec l’image, qui n’est pas, malgré la nationalité du long-métrage, la langue dans laquelle le film a été tourné.

Fuck !!

Bon, va pour la V.F de brin !

La scène d’intro met dans le bain immédiatement : on assiste à un viol et un meurtre rythmés par une douce chanson. Le décalage et la contradiction donnent un effet saisissant, qui met le spectateur dans une situation inconfortable.

Ensuite, j’essaie de suivre tant bien que mal les aventures de ces deux mécaniciens sadiques mais cette horrible V.F me fait sortir complètement du film ! Et puis un coup de téléphone. Je coupe. On reprendra plus tard. Mais quand même, il y a des scènes que je suis curieux de découvrir…

Journal d'un cinéphile - Film n°5 : La maison au fond du parc

Dès le lendemain donc, je décide d’aller quand même au bout du film ! L’histoire avance, la tension monte lentement dans la fameuse maison au fond du parc, les sévices commencent, et voilà les plans-nichons et les plans-pubis, et des femmes qui se laisse un peu trop facilement abuser par leur agresseur, et je me dis que j’aurais bien aimé pouvoir apprécier à sa juste valeur la prestation du cabotin mais toujours inquiétant David Hess en bourreau imprévisible.

Journal d'un cinéphile - Film n°5 : La maison au fond du parc

Contrairement à Cannibal Holocaust qui, par le biais du found footage (les images « amateurs » filmées par les personnages eux-mêmes, procédé très populaire de nos jours – voir REC, Paranormal Activity ou le récent Chronicle), théorisait sur la violence elle-même et sa mise en scène, sa gratuité et sa manipulation, ici, il n’y a rien de tout ça. Pas de recul par rapports à la violence verbale et physique. Seulement de la violence, dont nous sommes spectateurs et en partie complices, le film adoptant le point de vue des deux mécano-psychos. Et puis je vois déjà le truc, les deux compères malfaisants qui vont peu à peu se désolidariser jusqu’à s’entretuer…

(SPOILERS)

Et puis non ! Surprise ! La situation se retourne, les bourreaux deviennent les victimes, et les victimes les bourreaux. Le beau blondinet tout coincé depuis le début du film se révèle être un assassin, qui a planifié et préparé sa vengeance depuis le début.

(FIN SPOILERS)

Journal d'un cinéphile - Film n°5 : La maison au fond du parc

Du coup, les notions de Bien et de Mal s’en trouvent mélangées, mise à mal. Le recul qui était de l’ordre du procédé dans Cannibal Holocaust est ici interne à l’histoire. La violence crue et gratuite du début du film nous donne à réfléchir sur le comportement des véritables bourreaux. Car quels que soient les motifs et motivations, il n’y a pas de « bonne » violence. Il n’y a que la violence. Et les victimes de cette violence.

Au final, qui sont les monstres ?

Ce revirement bienvenu donne tout son sens et toute sa saveur au film de Deodato, assez bien shooté, avec des effets de montage cut au départ, une ambiance nocturne soignée, mais des acteurs pas toujours convaincants et un début un peu lent à se mettre en place.

Il est dommage que le cinéaste italien ne tourne plus aujourd’hui, et qu’il n’ait pas eu les moyens de mieux s’exprimer sur grand écran au long de sa carrière. Car ses deux films les plus célèbres, cité ici, sont assez brillants et pensés avec intelligence, malgré leurs sujets et leurs titres impayables dignes des pires crétineries !

Journal d'un cinéphile - Film n°5 : La maison au fond du parc

Et vraiment dommage que le DVD de La Maison au fond du Parc édité par Néo Publishing ne donne pas accès à la véritable v.o, seul bémol d’une belle édition dont la copie est de qualité, le packaging soigné et les bonus présents.

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